Bienvenue sur le site de
« Je te disais que la solidarité est la tendresse des peuples -
La solidaridad es la ternura de los pueblos » [Gioconda Belli]

Accueil > Grèves & luttes sociales > « Trop faibles pour nous défendre, nous passons à l’attaque »

Grèves & luttes sociales

« Trop faibles pour nous défendre, nous passons à l’attaque »

jeudi 4 décembre 2014

« La guerre est un acte de violence dont l’objectif est de contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté. » Carl Von Clausewitz, De la guerre

Avons-nous tous compris que l’accord du 22 mars nous fait entrer dans un autre monde ? Plus nous avançons dans le décryptage de cet accord, plus nous en comprenons la logique. À l’évidence l’Assurance-chômage n’est pas uniquement dégradée, sa direction n’est pas seulement aux mains de syndicats soucieux de conserver des emplois pour leurs permanents, elle n’est pas simplement la chambre d’enregistrement de réformes conçues dans les bureaux du Medef, signées par la CFDT et agréées par les gouvernements.

Non, le rôle de Pôle Emploi à la suite de cet accord excédera la simple question du versement d’indemnités et de l’aide à la recherche d’emploi. Pôle-Emploi va devenir une arme de contrôle permanent de nos vies. Loin d’être un instrument de solidarité ou d’émancipation, l’assurance-chômage va devenir l’exécutrice des volontés du capitalisme. Son objectif sera – il l’est déjà, mais ce sera désormais avec un acharnement inédit – la remise au travail des inemployables, le knout qui réactivera les chômeurs, l’aiguillon qui obligera chacun à accepter n’importe quel travail à n’importe quel prix dans n’importe quelles conditions. Sa nouvelle « mission de service public » sera de produire un marché du travail fondé sur l’hyper-précarité et les bas salaires. Comme pour les intermittents du spectacle depuis 2003, le temps se resserrera pour tous, et les intermittents de l’emploi, chaque jour plus nombreux,travailleront sans cesse pour accumuler les heures qui leur permettront de rester dans le système, dans la course, dans la concurrence effrénée de tous contre tous.

C’est bien une guerre qui est déclaré au nom d’une idéologie libérale forcenée. Il s’agit bien de rendre chacun démuni, isolé face au guichet de Pôle-Emploi, de la Caf ou de son banquier. Nos adversaires nous veulent ainsi, divisés, émiettés, incapables de répondre aux coups qu’ils nous portent, silencieux devant leur vulgate culpabilisatrice faisant de chaque chômeur un fraudeur en puissance, comme le déclare le ministre du Travail, soumis au remboursement aberrant d’une prétendue dette collective, dont se gargarise le ministre de l’Économie qui rêve de détruire encore un peu plus les droits des chômeurs à l’occasion de la prochaine réforme de l’Unédic.

Ils nous veulent désunis - c’est le but de leurs prétendues tables de concertation, dont tout le monde connaît déjà l’issue : un rapport que nul ne prendra la peine de faire semblant de lire, rassemblant pêle-mêle les fantasmes farfelus de FO sur l’emploi permanent dans les théâtres et un nouveau modèle d’indemnisation du chômage qui concerne tous les intermittents de l’emploi et ouvre une véritable alternative politique et sociale. Le fameux différé d’indemnisation spécifique aux intermittents du spectacle se verra pris en charge par l’État, qui soudain trouvera les moyens dont on le croyait dépourvu, jusqu’en 2016. Bref, on enfoncera un coin dans la solidarité de tous les salariés et chômeurs et on prétendra avoir sauvé le dialogue social.

Mais nous le répétons : nous ne voulons pas être sauvés. C’est tout l’accord du 22 mars, c’est l’ensemble des politiques d’austérité en France comme en Europe que nous récusons.

Le bras armé de la doxa libérale qu’est ce gouvernement se sait illégitime. C’est la raison pour laquelle il s’inquiète tant de tout rassemblement visant à remettre en cause sa logique délirante de productivisme et de marche au plein emploi précaire pour tous à n’importe quel prix.

Un projet inutile de barrage, dont le seul but était de remplir les poches d’une minorité d’entrepreneurs et de notables, de faire marcher l’économie pour faire marcher l’économie, de sacrifier à l’idéologie de la croissance et à la religion de l’emploi, a provoqué la mobilisations de centaines de gendarmes, le tir de grenades offensives sur des manifestants, et la mort de l’un d’entre eux. Le gouvernement continue sa politique par d’autres moyens, la guerre sociale contre les chômeurs, la répression policière, la mort.

Chômeurs, intermittents, intérimaires, précaires, avec ou sans papiers, postiers, personnels hospitaliers, cheminots en lutte, opposants à cette politique d’asservissement, nous sommes nombreux et pouvons nous rassembler pour l’être encore plus.

Nous ne nous laisserons pas isoler.

Nous ne sommes pas intimidés et nous n’appelons pas au calme.

Nous nous promettons même, si un mouvement se lève, de nous en réjouir.


Lire l’article sur le site du CIP-IDF

« Trop faibles pour nous défendre, nous passons à l’attaque »

Répondre à cet article




Dans la même rubrique

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
Habillage visuel (c) AA Studio sous Licence Creative Commons Attribution 2.5 License / Maintenance du site : Samuel Autexier